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Krystyna Ziach
Voyage à travers l'espace de l'intuition, J.S. 1985 (French)
PHOTO, magazine no.6, NL, portfolio
photo : Contradiction, de la serie Metamorphosis, 1983

“I have to define my work in terms of my own truth. That’s what the journey is all about, if you are true to your own instincts. The great wonder is that we have each our own validity, our own mysteries. It’s sharing of those gifts that makes artists artists.” (Duane Michals)

Dans l’œuvre de Krystyna Ziach l’intuition joue un rôle important, voire même crucial pour tout son procès créatif. L’intuition non pas dans le sens d’une attitude spécifique, programmée ou anti-intellectuelle, ou d’un manque de réflexion mais, comme le disait le philosophe bien-connu Bergson : « L’intuition est notre seconde nature. » Quand je parle de tout son procès créatif, je ne pense pas seulement à la photographie, une discipline dont elle ne se sert indépendamment que depuis peu de temps. Krystyna Ziach est née en Pologne en 1953. Elle étudie à l’Académie des Beaux-Arts et achève ses études dans la discipline de la sculpture, tandis qu’elle étudie simultanément l’histoire de l’art à l’Université Jagellonne de Cracovie, qu’elle finit avec un mémoire de fin d’études au sujet du mouvement avant-garde Dada. En 1979 Krystyna Ziach arrive aux Pays-Bas où elle continue ses études à l’Académie des Beaux-Arts AKI à Enschede dans les disciplines de la sculpture, de l’art graphique et aussi de la photographie. Son œuvre de cette période se caractérise par l’humour et l’ironie, sa propre interprétation du phénomène du trompe-l’œil. Une combinaison de compétence technique avec un élément d’ironie et de déconcerter le spectateur quant à la certitude de ses observations.
Dans la première période Krystyna Ziach a utilisé la photographie seulement comme point de départ pour une série de sérigraphies qu’elle appelait spécifiquement Les mémoires du voyage. Je cite ce titre délibérément pour sa référence au voyage, afin d’accentuer sa signification universelle comme un procès de recherche permanente, et pour l’aspect de la métamorphose. Son imagination est directement liée au fait de son origine polonaise. La Pologne est un pays avec une position géographique spécifique où les mouvements de l’est et de l’Europe de l’ouest s’entremêlent. De la Pologne elle emporta son bagage émotionnel et intellectuel. Intéressant à signaler est son intérêt pour la littérature, surtout la littérature avec des tendances absurdistes de grands écrivains tels que S.I. Witkiewicz, W. Gombrowicz, B. Schultz et F. Kafka, pour n’en mentionner que quelques-uns. Son intérêt pour Dada, le mouvement avant-garde d’artistes et d’intellectuels qui propageaient l’anti-intellectualisme et la provocation et vacillaient entre l’imagination absurde et l’imagination poétique, continue également. Le caractère de chaque personne est influencé par l’atmosphère émotionnelle et intellectuelle et par le paysage de son pays natal. La raison pour écrire tout cela est de montrer les sources d’inspiration qui influent directement sur ses photos. Les éléments essentiels de sa photographie sont les arrière-plans peints de façon expressionniste, avec une forme humaine qui, pour ainsi dire, effectue sa propre ‘one woman performance’. J’écris ‘pour ainsi dire’ parce que dans ce contexte la photographie de Krystyna Ziach n’a pas un caractère documentaire, et ce n’est pas non plus son intention de mettre en scène des nouvelles photographiques (photos séquentielles). Dans ses photos Krystyna Ziach concentre son attention sur la construction d’une réalité mise-en-scène, qui fonctionne comme une réflexion sur des catégories essentielles. Même les titres de ses photos suggère ce concept (Blackness, Contradiction) et la nudité du corps humain a également une qualité universelle. Ce qui toujours nous fascine dans la photographie est le fait qu’elle est un commentaire de la réalité, aussi dans un sens psychologique. La forme humaine qui apparaît dans la réalité mise-en-scène est soit statique, soit en mouvement. Dans la photo Metamorphosis elle dessine avec sa silhouette une trace sur l’arrière-plan peint de façon expressionniste. Dans d’autres photos les corps eux-mêmes sont peints, ce qui leur donne une autre sorte d’expressivité. La peinture du corps avait, ou a encore dans d’autres cultures, une qualité rituelle. Elle apparaît aussi, par exemple, dans le tatouage ou dans les activités d’art moderne d’un Yves Klein et d’artistes de la ‘performance art’. Par conséquent la peinture du corps a un caractère archétypique. Dans l’œuvre de Krystyna Ziach elle a en plus une signification ironique (comme dans Contradiction). Dans d’autres photos, p.e. Baroque, une forme humaine pose de façon ironique avec un geste exagéré. Un élément important de la réalité mise-en-scène dans les photos de Krystyna Ziach sont les arrière-plans, qui nous montrent sa fascination pour les tendances expressionnistes dans la peinture (action painting).
Krystyna Ziach est encore loin de définitivement finir ce projet. Pour elle le projet reste dans un état permanent de transformation, avec des possibilités nouvelles qui surgissent et se lient avec des associations et des émotions d’il y a longtemps. C’est un procès ouvert qui perpétuellement pénètre des nouvelles couches de son imagination.
Traduction: Hanny Keulers


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